Le 18 octobre dernier, on retrouvait dans La Presse un article sur un nouveau service de télédermatologie, « DermaGo ». Sur cette plateforme, il est possible de consulter un dermatologue « au privé » pour le coût de 180$ au moyen d’une application téléphonique. Quelques photos envoyées et, en 72 heures, il est possible d’avoir une discussion avec un dermatologue et de parler de traitement.

MQRP souhaite remettre en question la pratique montante au Québec de la télémédecine prodiguée au privé. La télémédecine est une innovation majeure qui permet de réduire les problèmes d’accessibilité pour des patients vivant en région éloignée ou souffrant de problèmes de mobilité, et son potentiel est incontestable. Or, dans le cadre d’une entente conclue entre le ministre de la Santé et des Services sociaux et la Fédération des Médecins Spécialistes du Québec (FMSQ) datant d’octobre 2012, les services de télémédecine demandés directement à un médecin spécialiste par un patient sont exclus de la rémunération par la RAMQ. Utilisant cette clause, les dermatologues s’engageant dans DermaGo peuvent donc continuer à pratiquer au sein du régime public tout en étant rémunérés au privé pour participer à ce service. Cette pratique respecte l’interdiction de mixité de pratique pour les médecins, puisque que la télémédecine n’est pas couverte par la RAMQ, mais soulève bien des questions sur l’accès aux soins.

Dans un contexte où l’accès à un dermatologue pour un problème médical est très difficile, avec des articles de journaux attestant des délais d’attente allant jusqu’à 4 ans, MQRP estime que le gouvernement devrait prendre une approche proactive pour forcer les dermatologues à prodiguer plus de soins nécessaires au public. Rappelons-nous que les dermatologues peuvent effectuer des soins esthétiques tout en participant à la RAMQ. De plus, la dermatologie offre la possibilité de faire un revenu confortable sans surcharger son horaire (l’effet revenu décrit par Bernard Fortin et al.), ce qui contribue à réduire le nombre de patients vus par un dermatologue.

Bien que nous félicitons l’augmentation du nombres de résidents en formation en dermatologie au Québec, sans une modification des modalités de pratique de la dermatologie présentement en place, nous estimons que la situation continuera de rester précaire pour les patients. La pénurie de dermatologues dans le milieu hospitalier nuit aussi à la qualité d’enseignement, puisqu’ils sont peu nombreux et surchargés et ne peuvent donc pas consacrer suffisamment de temps pour former leurs collègues du futur. De plus, MQRP croit que la RAMQ doit chercher activement à s’assurer que les soins médicalement nécessaires, qu’ils soient prodigués par télémédecine ou en personne, soient offerts au public en permettant la facturation de consultations virtuelles afin de favoriser le développement de cette technologie au service du public, plutôt que de laisser des failles exploitables par des entreprises privées.